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Quel avenir pour le télétravail ?

Le recours massif au télétravail, suite à son adoption pendant la crise sanitaire, risque de profondément changer les modes d’organisation des entreprises. Raison pour laquelle la Délégation à la prospective du Sénat a chargé trois de ses membres, Céline Boulay-Espéronnier (Paris, LR), Cécile Cukierman (Loire, CRCE) et Stéphane Sautarel (Cantal, LR), de plancher sur la question. Un rapport d’information a donc été rendu dressant un bilan de cette pratique, mais aussi s’interrogeant sur les effets de son développement tant pour le salarié que pour l’employeur ou encore pour l’environnement.

50 % de télétravailleur en 2050 ?

Avant la crise du Covid-19, le télétravail ne concernait pas plus de 3 % de travailleurs réguliers et de 4 % de travailleurs occasionnels, rappellent les sénateurs. Un ratio qui a atteint 25 % des salariés français au plus fort de la crise sanitaire, au printemps 2020. D’ici 2050, sans tenir compte de sa forme (juste un ou deux jours par semaine ou à temps complet), il pourrait concerner jusqu’à 50 % des salariés, estime le rapport.

Un travail à distance qui, durant la crise, selon l’institut Sapiens, aurait permis d’éviter 200 Md€ de pertes de production et qui offrirait de 5 à 30 % de gains de productivité à long terme. À conditions toutefois, précisent les rapporteurs, qu’il ne soit pas « adopté brutalement et sans préparation » et qu’il ne s’adresse qu’à des « salariés volontaires ».

Un risque social ?

Le risque de nouvelle délocalisation des emplois liée au développement du télétravail, que certains appellent déjà « télémigration » a également était relevé par les sénateurs. Pour ces derniers, ce risque doit être « tempéré ». D’abord, la délocalisation d’emploi de service existe déjà, notamment dans la finance et « elle n’a pas fait disparaître les emplois nationaux dans les mêmes domaines ». Ensuite, « il existe une pénurie mondiale de travail qualifié, qui complique la délocalisation par le télétravail ». Enfin, « les économies réalisées à travers le télétravail « offshore » pourraient être limitées, de l’ordre de 7 % selon la Coface, si 1 emploi sur 4 était délocalisé ».

Quant au risque de régression sociale, les sénateurs alertent sur l’apparition de nouvelles inégalités entre ceux qui pourraient télétravailler et les autres et entre les télétravailleurs eux-mêmes dont les espaces de travail (leur logement) pourraient être plus ou moins adaptés. Ils s’inquiètent également du fait que la frontière entre la vie privée et la vie professionnelle soit encore plus brouillée par ce monde de travail à distance.

En revanche, ils considèrent que le télétravail pourrait faciliter l’insertion des handicapés dans l’entreprise, accroître l’autonomie des salariés et « moderniser » les pratiques managériales.

Quid de l’environnement ?

Enfin, concernant les effets du télétravail sur l’environnement, les sénateurs, se fiant, aux conclusions de l’Ademe estiment que « si le télétravail était combiné à la généralisation des bureaux partagés (flex office), les gains environnementaux pourraient être importants, par réduction des besoins en construction, entretien et chauffage ». Pour autant, ils appellent à rester vigilants devant la hausse de l’empreinte numérique que ne manquera pas d’entraîner la multiplication des matériels informatiques dont les salariés ont besoin pour télétravailler.

  • © 2021 Les Echos Publishing - Frédéric Dempuré
  • Oct 26, 2021