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Présence des services publics : une répartition inégale sur le territoire

L’inégalité d’accès aux services publics fait l’objet de nombreux débats depuis longtemps. Pour certains, elle explique en partie l’extrême mobilisation qui a entouré le mouvement des gilets jaunes. Ces derniers dénonçant un abandon des zones rurales au profit des habitats les plus denses. Un état que l’association Finances publiques et économie (Fipeco) est venu interroger dans une fiche rédigée par François Ecalle, ancien Conseiller maître de la Cour des comptes et président de Fipeco.

Le taux de l’administration

Afin de dresser ce bilan, François Ecalle s’est appuyé sur les « taux d’administration » relevés dans le rapport annuel sur l’état de la fonction publique 2021 que viennent de publier les autorités. En pratique, ces taux correspondent à la proportion de fonctionnaires dans la population d’une zone déterminée. C’est un indicateur très imparfait « de l’adéquation des emplois publics aux besoins mais il est mesuré avec précision et rapidement disponible », insiste l’auteur de l’étude. Sont pris en compte dans son calcul les agents des trois fonctions publiques (État, hospitalière, territoriale).

Des variations géographiques

Au niveau national, pour l’année 2019, le taux d’administration dans les trois fonctions publiques ressort à 7,3 %, soit 73 agents publics pour 1 000 habitants. À l’échelle des régions, hors DOM, Île-de-France et Corse, dans lesquelles les services centraux de l’État sont surreprésentés (ce qui fausse la comparaison), on note un écart de seulement 15 % entre la région la plus pourvue en fonctionnaires (PACA avec 7,5 %) et la moins bien dotée (Pays de la Loire avec 6,5 %). En revanche, au niveau départemental, les disparités sont beaucoup plus fortes. On relève ainsi (hors DOM, Paris et Corse) des différences pouvant aller du simple au double, avec, en haut de l’échelle, l’Ain et son taux d’administration de 9,4 %, et en bas, la Haute-Vienne (4,6 %). Un rapport qui passe de 1 à 3 lorsque l’on s’intéresse spécifiquement aux effectifs des hôpitaux.

Les ruraux moins mal lotis ?

Le département qui abrite le taux d’agents de la fonction hospitalière le plus élevé (hors DOM) est… la Haute-Vienne (2,9 %) devant la Creuse (2,8 %), l’Allier (2,6 %) et Paris (2,5 %) et les moins bien dotés sont l’Essonne, la Seine-et-Marne et la Seine-Saint-Denis (avec à peine plus de 0,9 %). Les départements de la région parisienne affichent ainsi les taux d’administration hospitalière les plus faibles quand certains départements ruraux présentent les plus hauts. Pour autant, l’accès aux soins n’est pas plus simple dans les départements ruraux, car comme le note François Ecalle, « ces écarts entre les taux d’administration hospitalière peuvent être compensés par la répartition territoriale des professionnels libéraux de santé, qui sont moins nombreux dans les départements ruraux ». Des écarts qui, selon une étude de France Stratégie citée dans la fiche de Fipeco, traduisent également une « inertie des services publics au regard des évolutions démographiques (qui) favorise plutôt les zones rurales en déclin et pénalise les zones urbaines dynamiques ».

  • © 2021 Les Echos Publishing - Frédéric Dempuré
  • Nov 09, 2021