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Obésité : la fin de la médecine de l’acceptation ?

L’obésité, véritable fléau moderne, ne cesse de progresser dans le monde. Tout naturellement, elle constitue l’un des principaux enjeux sanitaires des politiques gouvernementales. Et la France ne déroge pas à la règle. Programme National Nutrition Santé, Programme National pour l’Alimentation, Stratégie nationale sports santé, feuille de route de prise en charge de l’obésité : les politiques publiques hexagonales en matière de nutrition reposent sur de nombreux piliers. Et pourtant, la prévention primaire ne semble pas suffire pour enrayer la dynamique, comme en atteste l’augmentation de sa prévalence, passée de 8,5 % en 1997 à 17 % en 2020, selon la dernière étude commanditée par la ligue contre l’obésité.

Quelle prise en charge propose-t-on aux patients obèses en France ?

En France, les options sont relativement limitées. Si la Haute Autorité de Santé recommande en première intention une prise en charge nutritionnelle, rares sont les patients pour lesquels elle s’avère à elle seule fructueuse. Ainsi, en cas d’échec et à mesure que la pathologie évolue, certains se voient proposer une alternative médicamenteuse. En effet, quelques produits amaigrissants sont disponibles en France (notamment Saxenda® ou encore Orlistat®), mais leur efficacité perfectible associée à leur absence de remboursement en limite fortement l’accès. En dernière intention, une chirurgie bariatrique peut être proposée aux plus gravement concernés. Cependant, peu de patients sont éligibles à cette dernière option, efficace à court terme, mais non sans conséquence tant sur le point psychologique que physiologique.

Quels espoirs de médicaments pour demain ?

Tout comme les patients, les médecins français – qui déclarent pour certains faire jusqu’à présent de la « médecine de l’acceptation » – sont en attente des nouveaux médicaments. C’est pourquoi depuis quelques mois les yeux sont rivés vers deux nouveaux produits : le médicament Wegovy® de Novordisk (un analogue du GLP-1) et le produit Zepbound® d’Eli Lilly (un analogue du GLP-1 et du GIP). Tous deux affichent des pertes de poids allant de 15 à 20 % du poids corporel initial en 68 à 72 semaines, ainsi qu’une réduction des comorbidités à l’image du Wegovy® concernant les risques cardiovasculaires. Le premier est en passe d’être rendu disponible en France. Dès que les négociations entre l’industriel et le Comité Économique des Produits de Santé auront abouti, il pourra être prescrit aux patients, très certainement présentant un indice de masse corporelle supérieur à 35. Quant au second, tout juste approuvé par les autorités américaines, il suivra le pas. Eli Lilly a d’ailleurs fait le choix de produire son médicament en France, dès 2026, grâce à un investissement de 160 M€ dans son usine de Fegersheim, en Alsace. Les attentes des patients sont si fortes que les médicaments anti-diabétiques (dont ils sont dérivés) font l’objet d’utilisation off label et de nombreuses fraudes. Si les Français devraient pouvoir bénéficier du Wegovy® dans les prochains mois, le Zepbound® ne sera probablement pas disponible avant 2025.