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Le 100 % Santé fait s’envoler les ventes d’aides auditives

Entrée dans sa dernière phase en janvier dernier, la réforme du « Reste à charge zéro » est un succès indéniable pour le volet audiologie. Au point de dépasser toutes les projections des fabricants et des audioprothésistes, et de permettre à l’Assurance maladie de doubler son objectif sur les remboursements des aides auditives de la classe I. Selon les données communiquées par le Snitem, syndicat auquel adhèrent les principaux fabricants d’audioprothèses, leurs ventes se sont élevées, au 1er semestre 2021, à 906 928 unités, soit plus que sur l’ensemble des années 2018 et 2019, et presque autant que sur 2020 (918 749 aides auditives vendues l’année dernière). Une explosion des ventes liée à l’effet d’aubaine créé par le « 100 % Santé » et qui témoigne de la demande latente particulièrement importante qui existait avant cette réforme. La part des appareils de classe I s’élève à près de 40 %, contre 16 % en 2020 et moins de 13 % en 2019. Cette dynamique ne modifie pas la structure du marché et sa répartition par catégorie d’aides auditives : les écouteurs déportés captent l’essentiel des ventes (près de 75 %) tandis que la part des contours d’oreille s’érode légèrement (17 %) au profit des intra-auriculaires (8 %).

Près de 155 000 Français nouvellement équipés en deux ans

Même constat de réussite pour le Syndicat des Audioprothésistes (SDA) qui vient de partager les dernières données de remboursement de l’Assurance maladie. Le nombre de bénéficiaires du panier « 100 % Santé » a atteint 149 500 au 1er semestre (moins de 30 000 sur les mêmes semestres de 2019 et 2020), soit 40 % de l’ensemble des assurés équipés d’appareils des classes I et II. Le nombre total de personnes équipées a augmenté de près de 68 % entre 2019 et 2021. Cette envolée se traduit naturellement par une forte hausse des dépenses à la charge de la CNAM (+80,8 M€) et des assurances santé complémentaires (+278 M€).

Cette évolution rapide du marché, qui répond à de vrais besoins d’équipement des personnes malentendantes, n’est pas sans poser de difficulté aux audioprothésistes. Certes, leur activité sera en forte croissance sur l’ensemble de l’année 2021 et probablement, aussi, en 2022. Mais le succès de la classe I va modifier leur « mix produit », avec un risque d’effet dilutif en raison des écarts de prix avec les aides auditives de la classe II. Et intensifier la concurrence déjà très forte entre indépendants, réseaux intégrés et opticiens investissant ce marché. Face à cette nouvelle configuration, la SDA réclame un encadrement renforcé des pratiques commerciales et publicitaires des audioprothésistes.