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Grande démission : la France est-elle concernée ?

Dès le début de la crise sanitaire, le nombre de salariés américains ayant volontairement quitté leur emploi pour en chercher un autre ou se retirer de la vie active a fortement augmenté. Un phénomène baptisé « La grande démission » qui concerne, dans une moindre mesure, la France, à en croire une étude de la direction de l’Animation de la recherche, des Études et des Statistiques (Dares), publiée le 18 août dernier.

Un phénomène important mais pas inédit

502 000 salariés ont démissionné au 3e trimestre 2021, 517 000 au 4e trimestre et 523 000 au 1er trimestre 2022. Ces chiffres sont très élevés et marquent une rupture avec 2020 (351 000 démissions par trimestre en moyenne) et dans une moindre mesure 2019 (436 000). Pour autant, rappelle la Dares, ils ne sont pas inédits : au 1er trimestre 2008, avant que n’éclate la crise financière, près de 510 000 démissions avaient été enregistrées en France. Si l’on rapporte le nombre de démissions à celui des salariés, le 1er trimestre 2008, avec un taux de démission de 2,9 %, devance même le premier trimestre 2022 (2,7 %). Depuis 2017, ce taux de démission tourne, chaque trimestre, autour de 2 %.

Une tension sur l’emploi

Selon la Dares, le niveau des démissions s’explique en grande partie par les tensions du marché du travail et les difficultés de recrutement que rencontrent, notamment, l’industrie et les services. « Cette situation crée des opportunités pour les salariés déjà en poste et est susceptible en retour de conduire à des démissions plus nombreuses », précisent les auteurs de l’étude.

La Dares rappelle à ce propos qu’environ 80 % des salariés en CDI ayant démissionné au deuxième trimestre 2021 avaient repris un emploi moins de 6 mois plus tard. Une proportion « stable par rapport à l’avant-crise ». En outre, le taux d’emploi concernait, début 2022, 68 % de la population des 15-64 ans, au plus haut depuis 20 ans. Un autre indicateur qui soutient l’hypothèse suivant laquelle les démissionnaires ont profité de l’embellie économique pour changer d’emploi et non pour se retirer de la vie active.

  • © 2022 Les Echos Publishing - Frédéric Dempuré
  • Août 23, 2022