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Travail femmes-hommes : retour sur les inégalités

Les inégalités salariales entre les femmes et les hommes n’ont pas disparu. Et contrairement à ce que beaucoup croient, elles ne s’expliquent pas par les seuls écarts de rémunération pouvant exister sur un même type de poste. La situation est beaucoup plus complexe, comme le détaillent les analystes de l’Insee dans le dernier numéro d’Insee Première.

Près de 30 % de moins

À en croire l’Insee, en 2017, les femmes salariées du secteur privé gagnaient 16,8 % de moins que les hommes en salaire équivalent temps plein, autrement dit pour les mêmes horaires de travail. En revanche, lorsque l’on prend comme référentiel le revenu salarial, c’est-à-dire « la somme de tous les salaires perçus par un individu au cours d’une année écoulée », le différentiel grimpe à 28,5 %. Un écart qui s’explique principalement par les différences de volume de travail dues à un recours au travail à temps partiel beaucoup plus marqué chez les femmes que chez les hommes. Ainsi, en 2017, 78 % des hommes exerçaient à temps complet contre 67 % des femmes. En cause, notamment un partage inégalitaire des tâches ménagères et de la prise en charge de l’éducation des enfants qu’illustre cette statistique : seules 64 % des mères de 3 enfants sont à temps complet contre 88 % des pères.

Des métiers moins bien rémunérés

La crise du Covid-19 a mis en lumière les aides-soignantes, les infirmières ou les caissières pour leur rôle sociétal majeur, mais aussi pour la faiblesse de leur rémunération. Une faible rémunération qui accompagne nombre de professions majoritairement adoptées par des femmes. Car, comme le note l’Insee, il existe une véritable ségrégation professionnelle : « les hommes et les femmes n’occupent pas les mêmes métiers, ne travaillent pas dans les mêmes secteurs ou les mêmes entreprises. Par exemple, parmi les vingt professions les plus courantes pour les salariés de chaque sexe, trois seulement sont communes aux hommes et aux femmes : nettoyeurs, employés de libre-service du commerce, aides de cuisine. Les professions liées à la santé et à l’action sociale représentent une part substantielle de l’emploi féminin, alors que les hommes sont davantage concentrés dans les professions liées à la construction, au transport et à l’entreposage ». Et à cela s’ajoute un différentiel hiérarchique et donc de rémunération : 22,8 % des hommes occupent un poste de cadre contre seulement 17,5 % des femmes.

Moins d’augmentations

Et ce n’est pas tout, les inégalités de salaires croissent tout au long de la carrière. Ainsi, alors que le différentiel de salaire net en équivalent temps plein n’est que de 6,4 % lors des 5 premières années d’activité, il grimpe à 9,8 % entre 5 et 10 ans d’expérience, à 18,9 % entre 20 et 30 ans et à 21,7 % au-delà de 30 ans de pratique professionnelle.

  • © 2020 Les Echos Publishing - Frédéric Dempuré
  • Juin 30, 2020