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Quand les banques cèdent aux sirènes des paradis fiscaux

Chantre de la transparence fiscale, l’ONG internationale Oxfam vient de rendre publique une étude mettant en lumière le rôle que jouent les paradis fiscaux dans les pratiques d’optimisation des principales banques européennes. Pour rédiger ce rapport de 52 pages intitulé « banques en exil », ses auteurs se sont basés sur les nouvelles obligations déclaratives qui imposent aux entreprises multinationales de publier leurs résultats, leurs bénéfices et les impôts payés dans chaque pays d’implantation.

25 milliards d’euros

D’un point de vue global, Oxfam signale que les 20 plus grandes banques européennes ont, en 2015, déclaré 25 Mds€ de bénéfices dans les paradis fiscaux, soit un peu plus d’un quart de leurs bénéfices. Pour mémoire, précisent les auteurs de l’étude, ces mêmes paradis n’accueillent que 1 % de la population mondiale.

Côté pays, 4,9 Mds€ sur ces 25 Mds€ de bénéfices sont déclarés au seul Luxembourg. Un montant qui « dépasse les bénéfices affichés pour le Royaume-Uni, la Suède et l’Allemagne réunis » par les 20 banques européennes, note l’ONG, avant d’ajouter, non sans ironie, que « les 42 employés de Barclays au Luxembourg sont parvenus à générer 557 millions d’euros de bénéfices, amenant la productivité moyenne par employé à 13,255 millions d’euros, ce qui est 348 fois supérieur à la moyenne mondiale de la banque (38 000 €) ». En Europe, un autre pays d’accueil est l’Irlande. En 2015, ces mêmes banques y ont déclaré pas moins de 2,3 Mds€ de bénéfices, pour un chiffre d’affaires d’à peine 3 Mds€. 5 banques (RBS, Société Générale, UniCredit, Santander et BBVA) sont même parvenues, précisent les auteurs, à dégager un profit supérieur au chiffre d’affaires déclaré en Irlande. À méditer.

  • © 2017 Les Echos Publishing - Frédéric Dempuré
  • Mar 29, 2017