k4_14441013.jpg

Naissance d’un enfant : quels impacts sur le salaire des femmes ?

L’inégalité salariale entre les femmes et les hommes a de multiples origines comme le montre une nouvelle étude publiée par l’Insee et portant sur l’impact de l’arrivée d’un enfant sur les trajectoires professionnelles des femmes et des hommes. Analysant les revenus des salariés ayant eu des trajectoires salariales stables entre 2005 et 2015 et travaillant dans le secteur privé en France métropolitaine (hors salariés agricoles, particuliers-employeurs, apprentis et stagiaires), cette étude met d’abord en lumière le fait que les femmes, en raison de l’arrivée d’un enfant, réduisent souvent leur activité professionnelle, ce qui se traduit, en moyenne, par une baisse de 25 % de leurs revenus salariaux. Une baisse qui tend à perdurer pendant les 5 années suivant l’arrivée de l’enfant.

Niveau de salaire et coût de la « nounou »

« Schématiquement, si ces pertes de revenu traduisent davantage une décision des ménages qu’une discrimination exercée par les employeurs, deux explications sont possibles. D’une part, les ménages pourraient valoriser intrinsèquement une répartition des tâches inégalitaires après l’arrivée d’un enfant (…). D’autre part, les décisions d’offre de travail peuvent se faire en comparant le produit d’une heure passée sur le marché du travail et d’une heure passée à la production domestique (dont la garde d’enfant) pour les adultes du ménage », précisent les auteurs de l’étude. Ce dernier point est d’ailleurs confirmé par les chiffres. Il apparaît ainsi que les femmes ayant les revenus les plus faibles dans l’échantillon accusent 38 % de pertes alors que ces pertes sont « presque négligeables » pour les 5 % de femmes bénéficiant des plus hautes rémunérations.

Pour autant, même lorsque ces jeunes mères optent pour une « nounou » plutôt qu’une décharge de travail, leur rémunération en pâtit. L’étude met ainsi en évidence que « la parentalité renforce les écarts genérés de revenu salarial parmi les salariés les mieux rémunérés ». Les femmes les mieux payées de l’échantillon parviennent ainsi, peu ou prou, à conserver leur salaire horaire pendant les 5 ans qui suivent leur maternité, alors que, dans le même temps, les pères situés également en haut de la distribution voient leur rémunération croître comme s’ils n’avaient pas eu d’enfant. Une situation qui contribue, une fois encore, à creuser l’écart entre la rémunération des femmes et celle des hommes.

  • © 2019 Les Echos Publishing - Frédéric Dempuré
  • Oct 15, 2019