k4_14119802.jpg

Le déremboursement de l’homéopathie devrait avoir un impact limité pour les pharmaciens d’officine

Sans grande surprise, le ministère de la Santé a annoncé, début juillet, le déremboursement total des médicaments homéopathiques d’ici 18 mois. Un déremboursement qui se fera en deux temps, avec une baisse intermédiaire du taux de prise en charge à 15 % en janvier 2020, étape destinée à donner du temps aux laboratoires pharmaceutiques (Boiron, Lehning et Weleda) pour se préparer au basculement de leurs médicaments vers le marché de l’automédication. Pour l’Assurance-maladie, le déremboursement représente une économie potentielle de 127 millions d’euros, un montant somme toute modeste, mais qui ne peut être considéré comme négligeable au regard des investissements et dépenses prévus dans d’autres domaines (financement du 100 % Santé, remboursement de nouveaux services pharmaceutiques, prise en charge de médicaments innovants coûteux…). Pour les quelque 7 millions de Français traités par l’homéopathie, le déremboursement devrait se traduire par une dépense supplémentaire limitée, d’environ 18 euros par an. L’impact du déremboursement se mesure donc moins en terme financier qu’en terme d’image et de reconnaissance de cette médecine, source de nombreuses polémiques depuis son apparition. La décision de déremboursement se fonde sur un long travail de la HAS qui, pendant 9 mois, a analysé 1 000 publications, et sollicité ou pris en compte les contributions d’une trentaine de parties prenantes (associations de patients, sociétés savantes, industriels…). Au total, 120 souches homéopathiques ont été étudiées dans 24 situations cliniques, en s’intéressant aux signes des symptômes et aux symptômes eux-mêmes (troubles de l’anxiété et du sommeil, infections bénignes, verrues…). Résultat : l’efficacité thérapeutique de l’homéopathie ne peut être démontrée, en l’état actuel des études disponibles. Ce constat est l’occasion, pour les opposants de l’homéopathie, de réclamer la suppression de l’enseignement de cette médecine (revendication du collectif Fakemed), ou au minimum une refonte de celui-ci, à l’instar de l’Association des étudiants de pharmacie (ANEPF) qui appelle à une « approche critique » de l’homéopathie et demande que le terme homéopathie ne soit plus associé à la dénomination de diplôme universitaire…

La forte croissance de la naturopathie devrait atténuer l’impact du déremboursement

Si l’on se fonde sur les vagues précédentes de déremboursement, l’impact en termes de chiffre d’affaires devrait être assez lourd pour les laboratoires concernés. Ces derniers anticipent un recul de 50 % la première année, et à nouveau 50 % l’année d’après. Ces projections sont toutefois à revoir dans la mesure où l’année 2020 (passage de 30 à 15 % du taux de remboursement) devrait atténuer le repli annoncé. D’autre part, il est plus que probable que les médicaments concernés vont voir leurs prix augmenter, ce qui compensera en partie la baisse attendue des volumes.

Pour les pharmacies, la perte de marge nette est estimée par la FSPF, en moyenne, à 7 000 euros par officine. Une perte qui devrait être absorbée grâce à la bonne dynamique de la naturopathie et les fortes progressions enregistrées par l’aromathérapie, la phytothérapie, l’herboristerie, la micro-nutrition et la gemmothérapie. Un marché estimé à plus d’un milliard d’euros, si l’on y ajoute les compléments alimentaires, et dont les ventes réalisées en pharmacie augmentent, en moyenne, de 4 à 8 % par an.