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Le Covid-19 a accéléré le développement des services pharmaceutiques

Comment la crise sanitaire a-t-elle transformé l’exercice officinal et fait avancer les services pharmaceutiques ? Dans un projet de prise de position rendu public fin mai, le GPUE, qui s’appuie sur une étude réalisée par l’Université de Lisbonne, rappelle les diverses contributions des pharmaciens dans la lutte contre le Covid-19. Au total, 30 interventions spécifiques ont été cartographiées au niveau européen, allant de l’orientation des patients vers les structures de prise en charge adaptées à la livraison de médicaments à domicile, en passant par l’assistance téléphonique des patients vulnérables, la fabrication de gels hydroalcooliques, la fourniture de masques, la réalisation de tests de dépistage ou la vaccination. Le GPUE note toutefois que les deux tiers de ces interventions n’ont pas été rémunérées par les gouvernements ou les organismes de financement des dépenses de santé… Une situation qui renvoie au développement hétérogène des services pharmaceutiques selon les pays et à la difficulté de les financer.

L’association mentionne notamment le rôle clé des pharmaciens dans les stratégies vaccinales mises en place dans les différents pays européens, tant pour la grippe saisonnière (distribution et administration des vaccins auprès des populations à risques, sans exiger d’ordonnance préalable) que pour le Covid-19 (gestion des approvisionnements des centres de vaccination et/ou vaccination directement en pharmacie). La plupart des pays ont accordé ou élargi cette mission, tels la Belgique, la Norvège, l’Allemagne, la Grèce, l’Italie et bien sûr la France. Sur les 32 pays analysés, 8 impliquent les pharmaciens dans l’administration des vaccins. En Angleterre par exemple, les officines sont autorisées depuis janvier 2021 à assurer la vaccination, avec une montée en charge progressive qui a ainsi permis l’inoculation de plus de 1,7 million de vaccins dans les lieux d’intervention dirigés par des officinaux. Un niveau sensiblement supérieur à celui constaté en France (1,43 million de vaccinations réalisées au 2 juin, selon le suivi quotidien assuré par Gers Data). Il est vrai que les pharmaciens français ont démarré plus tardivement que leurs homologues anglais et que le rythme de vaccination en pharmacie devrait nettement s’accélérer à partir de cette semaine grâce à l’ouverture de la campagne vaccinale à l’ensemble de la population adulte.

Capitaliser sur les « missions Covid » pour conforter la pharmacie de services

Depuis le début de la crise sanitaire, la profession officinale se mobilise donc et multiplie les interventions, y compris lorsque celles-ci ne sont pas financées par les États ou les assureurs. Un engagement que le GPUE entend bien faire reconnaître par les autorités de santé, à travers une politique plus volontariste en faveur des services pharmaceutiques. L’association formule ainsi quatre propositions. La première consiste à conforter juridiquement les services assurés dans le cadre de la prévention, le dépistage et le suivi des traitements chroniques ainsi que l’augmentation de la couverture vaccinale (leur donner un socle légal ou un cadre règlementaire précis). La deuxième est de nature économique et porte sur la nécessaire rémunération de ces services pour en assurer la pérennité sur le plan financier. Le GPUE souhaite, par ailleurs, que soient définis de nouveaux modèles de prestations pharmaceutiques dans le cadre des coopérations interprofessionnelles et/ou en s’appuyant sur les nouvelles technologies numériques (télésoin, télésurveillance, téléconsultation, appli mobiles de suivi des patients…). Et enfin, le groupement demande plus généralement que soient augmentés les investissements publics ou privés dans les soins primaires, la prévention et la promotion de la santé. Une feuille de route que les syndicats de pharmaciens français devraient évidemment partager, dans la perspective de la prochaine convention pharmaceutique.