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La téléconsultation trouve sa place dans les déserts médicaux

Présentée il y a quelques jours à PariSanté Campus, cette étude observationnelle a été réalisée par le cabinet Télémédecine 360, grâce à la contribution de 7 opérateurs privés (Doctolib, Feeli, Livi, Medadom, Qare, Teladoc et Tessan). Objectif : mesurer de manière objective les usages de la téléconsultation médicale et identifier les profils des patients qui y recourent. Pour ce faire, les auteurs de l’étude ont collecté et analysé les données relatives à plus de 1,8 million de téléconsultations réalisées en France métropolitaine entre août et novembre 2021. Ont été prises en compte les consultations en médecine de ville, assurées par un médecin inscrit au Conseil national de l’Ordre des médecins. Il en ressort que les patients recourant à la téléconsultation sont proportionnellement plus nombreux à habiter des territoires sous-médicalisés (25,1 % de l’échantillon, contre 17,3 % en population générale) et à ne pas avoir de médecin traitant (27,6 %, contre 10,9 %). Autre chiffre intéressant : près de 20 % des téléconsultations sont réalisées pendant les horaires de permanence des soins ambulatoires, soit en dehors des horaires d’ouverture des cabinets médicaux. Le recours la nuit est nettement plus fréquent le week-end qu’en semaine (17,2 %, contre 10,8 %). L’accès à une téléconsultation est rapide : la moyenne d’attente entre la demande de rendez-vous et celui-ci est, en moyenne, de 9 heures. Enfin, la durée d’une téléconsultation est sensiblement inférieure à celle d’une consultation en présentiel (un peu plus de 10 minutes, contre 18 minutes).

Les auteurs de l’étude et les membres du LET tirent de ces résultats plusieurs enseignements clés. La téléconsultation apparaît bien comme une réponse efficace aux problématiques d’accès aux soins et à la réduction du temps médical disponible. Certes, les patients « téléconsultants  » sont proportionnellement plus jeunes (30 ans en moyenne) et ont un profil plutôt technophile. Mais l’usage de la téléconsultation se diffuse aussi parmi les personnes plus âgées, les plus de 50 ans représentant près de 10 % des patients qui ont téléconsulté sur la période analysée. Elle est aussi utilisée par toutes les catégories socio-professionnelles, y compris les plus défavorisées (près de 8 % des patients sont bénéficiaires de la complémentaire santé solidarité).

Moins de 5 % des consultations en médecine générale

Malgré sa contribution positive à l’accès aux soins, la téléconsultation peine à se développer. Selon les données communiquées par Gers Data, elle ne représente actuellement que 4 % de l’ensemble des consultations assurées par les médecins généralistes. Loin du pic de 20 % enregistré au plus fort de l’épidémie de Covid-19 (avril 2020). Une croissance en berne donc et une activité qui ne fait toujours pas l’unanimité parmi les professionnels de santé. En témoignent les polémiques autour de l’installation de cabines de téléconsultation en pharmacie et la méfiance de l’Ordre des médecins à l’égard des plates-formes dites commerciales. Afin de lever les nombreux freins qui persistent encore, le LET demande que ces plates-formes soient reconnues comme des acteurs de soins à part entière et que les modalités de remboursement des téléconsultations soient assouplies pour les patients rencontrant des difficultés importantes d’accès aux soins. Au-delà de ces polémiques et revendications, le contexte reste porteur pour la téléconsultation. Son déploiement figure parmi les orientations politiques de la nouvelle présidence. Lors de sa campagne, Emmanuel Macron a promis d’accélérer le développement de la télésanté, face aux désorganisations des services d’urgence hospitalière et à la pénurie croissante de professionnels de santé.