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Entre le Brexit et le Covid-19, le Royaume-Uni frappé par les pénuries

Le 24 août dernier, McDonald’s a annoncé qu’il ne pourrait plus servir de milkshakes dans ses établissements britanniques. Une information qui pourrait prêter à sourire si elle ne traduisait pas les énormes difficultés d’approvisionnements que traverse depuis quelques temps le Royaume-Uni. Ainsi, outre cette boisson sucrée, la pénurie touche plusieurs produits alimentaires, comme les boissons en bouteille ou, plus inquiétant, le poulet ou la viande. Les chaînes de restaurants Nando’s et KFC, réputés pour leurs poulets frits, ont ainsi été contraints de fermer certains de leurs restaurants ou, au mieux, de réduire l’offre de produits de leurs menus. « Le problème touche également les restaurants haut de gamme Novikov, à court de bœuf Wagyu », précise l’AFP, sans parler des distributeurs.

Du Covid-19 au Brexit

Comme le reste du monde, le Royaume-Uni est confronté à des difficultés d’approvisionnent en matières premières et, notamment en semi-conducteurs. En cause, l’effet ciseau d’une reprise de la production rendue délicate par une persistance de l’épidémie combinée à un sursaut brutal de la demande mondiale. Une situation qui a mis partiellement à l’arrêt certains sites de production automobile au Royaume-Uni comme sur le continent.

Mais au-delà de ces problèmes internationaux, les entreprises britanniques font face aux effets délétères du Brexit. Une sortie de l’Union européenne qui complique sérieusement les conditions d’accès des chauffeurs routiers venus du continent, mais aussi les règles d’accueil des travailleurs étrangers. Au final, de plus en plus de transporteurs européens hésitent à passer la Manche, quant aux candidats à l’immigration, soit ils ne veulent plus revenir après avoir quitté l’île dans les premiers temps de la crise sanitaire, soit ils préfèrent directement tenter leur chance dans un autre pays de l’Union où leur situation administrative sera moins précaire.

Une pénurie de main d’œuvre qui frappe surtout la distribution, la logistique, les transports et la restauration conduisant les grands noms de ces secteurs à s’adapter. « Le géant des supermarchés Tesco ou celui du commerce en ligne Amazon n’hésitent pas à promettre des primes à l’embauche au Royaume-Uni, afin d’attirer les chauffeurs ou magasiniers dont ils ont besoin pour servir leurs clients », rapporte l’AFP.

Quant aux industriels de la viande, également confrontés à l’impossibilité de recruter de nouveaux collaborateurs, ils ont officiellement saisis le gouvernement britannique afin qu’il relève les quotas de prisonniers autorisés à travailler pendant leur peine. Une main d’œuvre « locale » sur laquelle ces industriels comptent pour occuper une partie des 14 000 emplois qui font défaut à cette filière et que les autres britanniques refusent d’occuper compte tenu de leur pénibilité et de leur faible niveau de rémunération.

  • © 2021 Les Echos Publishing - Frédéric Dempuré
  • Août 31, 2021