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Des tensions entre le transport maritime et ses clients

Les besoins de masques, gants, blouses, etc. puis le report des consommateurs vers le e-commerce (au lieu des magasins mais aussi de certains loisirs) se sont traduits par un bond des volumes transports en conteneurs depuis le début de la crise. Mais, dans le même temps, plusieurs facteurs ont limité la capacité des compagnies à répondre dans de bonnes conditions à cette demande :
– La pandémie a désorganisé les secteurs du transport et de la logistique : concurrence forte des entreprises pour attirer les chauffeurs, en pénurie, mesures sanitaires réduisant la productivité… en complément de l’explosion de la demande, cela s’est traduit par une congestion dans de nombreux ports et entrepôts.
– En début de crise sanitaire, anticipant une baisse de la demande, les armateurs ont retiré une partie de leurs capacités sur les routes entre l’Asie et « l’Ouest » (Europe et Amérique du Nord), ce qui a contribué à désorganiser le secteur et alimenté les retards ainsi que les prix. Puis, la forte demande de produits venant d’Asie pour les fêtes aux États-Unis a eu pour conséquence une congestion des ports (manque de main d’œuvre, faible automatisation) et une mauvaise répartition des conteneurs, en quantité limitée dans le monde.
– La pénurie d’acier et d’aluminium et la flambée des prix de ces matériaux ont rendu difficile l’augmentation du nombre de conteneurs.
– Enfin, la crise dans le canal de Suez lié à l’échouement du porte-conteneurs Ever Given et le blocage d’une centaine d’autres navires ont accentué la désorganisation et les retards.

Les conséquences de ces tensions ont essentiellement été ressenties par les chargeurs et les commissionnaires, tandis que la hausse de la demande a alimenté les revenus et performances des compagnies maritimes. Les clients, eux, se plaignent à la fois de l’explosion des prix, des délais allongés et d’une dégradation des prestations. Les retards sont particulièrement problématiques dans un contexte où les consommateurs sont de plus en plus impatients et où les délais de livraison deviennent le nerf de la guerre. L’allongement du temps de transport est également incompatible avec l’exportation/l’importation de certains produits alimentaires.

Soupçonnant les armateurs d’avoir eux-mêmes alimenté la sous-capacité et donc la hausse des prix, plusieurs organisations de commissionnaires et de chargeurs ont envoyé des lettres de remontrance à la Commission européenne, dénonçant notamment la facturation de certaines surcharges. La Federal Maritime Commission aux États-Unis a, de son côté, ouvert une enquête sur la situation du transport maritime.