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Des pharmacies bretonnes expérimentent l’orientation des patients et la dispensation protocolisée

Portée par Pharma Système Qualité, cette nouvelle expérimentation place le pharmacien d’officine au cœur de son dispositif. L’association a répondu à un appel à projet lancé par l’ARS Bretagne dont l’objectif est de garantir l’accès aux soins et le suivi des patients dans les territoires sous-médicalisés. Baptisé OSyS (pour Orientation dans le Système de Soins), le projet a été autorisé en février dernier pour deux ans. Un arrêté précise le contexte et les modalités opérationnelles de cette expérimentation qui rassemble 50 pharmacies volontaires réparties sur 4 départements (Ille-et-Vilaine, Morbihan, Finistère et Côte d’Armor) et 9 territoires qualifiés de déserts médiaux.

Privilégier la pharmacie de premier recours

L’expérimentation OSyS, qui démarrera effectivement en juin prochain, s’inspire du programme suisse NetCare, lancé en 2012. Rappelons que ce dernier permet aux pharmacies de proposer des conseils et d’assurer la dispensation de certains médicaments pour de petites blessures ou dans le cadre de pathologies considérées comme bénignes. L’objectif est de réduire les consultations médicales et le recours aux urgences hospitalières, en orientant les patients vers les officines de premiers recours. OSys poursuit un objectif similaire et repose sur un protocole transposé à partir de celui de NetCare. Les pharmaciens qui participent à l’expérimentation dispensent des médicaments d’automédication (et non de PMO), dans 13 situations dites de « triage » ou pathologies les plus courantes en soins primaires : rhinite, douleur pharyngée (incluant l’angine), lombalgie, céphalée, constipation, plaie simple… Le pharmacien assure ce « triage » grâce à des algorithmes reposant sur des arbres décisionnels. Le protocole prévoit l’accord préalable du patient, son accueil dans une zone de confidentialité ainsi que la traçabilité des décisions prises par le pharmacien. À chaque entretien, ce dernier remplit une fiche informatique d’orientation comportant l’identification de la pathologie de premier recours, le résultat du questionnement exprimé en points selon l’algorithme concerné, le ou les médicament(s) dispensé(s), les conseils et les limites de la médication. Un compte-rendu peut être envoyé au médecin traitant, si le patient le souhaite. Trois jours après la consultation, le pharmacien appelle le patient pour évaluer l’efficacité du traitement et recueillir son avis sur le protocole mis en place. Les porteurs du projet ont estimé à 15 minutes le temps moyen de chaque consultation pharmaceutique. La rémunération du pharmacien s’élève à 15 € par consultation, se répartissant entre un forfait «  Premier recours, situation et orientation » (10 €) et un bonus qualité (5 € maximum).

Améliorer le service rendu aux patients et l’efficience des dépenses de santé

Les impacts attendus sont nombreux. Il s’agit d’apporter une solution de prise en charge rapide et efficace, en s’appuyant sur le réseau officinal, dont le maillage géographique permet de suppléer le manque de médecins généralistes ou leur faible disponibilité. Autre objectif : assurer la permanence des soins en favorisant les coopérations interprofessionnelles et les échanges entre médecins et pharmaciens. Enfin, la finalité économique d’OSyS est totalement assumée : les parties prenantes du projet partagent la volonté de réduire le nombre de consultations médicales et de désengorger les urgences hospitalières. Rendez-vous en décembre 2022 pour évaluer les impacts de cette expérimentation et définir les modalités de son déploiement à plus grande échelle.