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Crise Covid-19 : les effets des mesures budgétaires

Que se serait-il passé si, pendant la crise sanitaire, le gouvernement n’avait pas mis en place des aides exceptionnelles pour soutenir les entreprises et les salariés ? Et quels ont été leurs effets ? Des questions auxquelles l’Institut des politiques publiques est venu apporter des réponses au cours d’une conférence consacrée à l’évaluation du budget national 2022. Compte-rendu.

Un choc plus violent qu’en 2009

L’impact économique des premières vagues épidémiques a été d’une violence inédite. Sous l’effet de la fermeture ou de la réduction drastique de l’activité des entreprises, le PIB français par tête a ainsi reculé de 16 points au 2e trimestre 2020. Un recul quatre fois supérieur à celui enregistré au plus bas de la dernière crise financière, soit au 1er trimestre 2009. « Mais l’originalité de ce choc sans précédent tient avant tout à l’ampleur et à la rapidité du rebond », note l’IPP. Car selon les projections du Centre pour la recherche économique et ses applications (Cepremap), coorganisateur de la conférence, le niveau de PIB par tête d’avant-crise, celui du 4e trimestre 2019, devrait être retrouvé au plus tard fin 2021.

Pour les économistes de l’IPP, ce rapide retour de la croissance, comparé à ce qui s’était passé après la crise de 2008, trouve deux raisons principales. La première est que cette crise a pour origine un problème sanitaire et non une surchauffe économique ou financière, comme ce fut le cas il y a 13 ans. La seconde réside dans l’ampleur des mesures de soutien qui ont été mises en place en France, mais également dans la plupart des pays industrialisés. Ces dernières ayant permis aux salariés, via l’activité partielle, et aux entreprises, via le fonds de solidarité ou encore les prêts garantis par l’État, de rester financièrement à flot et ainsi d’être capables de redémarrer sans délai une fois les mesures sanitaires de lutte contre l’épidémie levées. En guise d’illustration, l’IPP rappelle que « depuis le début de la crise, l’hôtellerie-restauration (activités parmi les plus touchées) a reçu en aides publiques l’équivalent de 45 % de la valeur ajoutée annuelle pré-crise du secteur ».

L’effet des mesures publiques

Pour estimer l’efficacité de ces mesures de soutien, l’IPP et le Cepremap ont modélisé l’évolution du PIB sans intervention des pouvoirs publics. Les auteurs de l’étude notent ainsi « qu’en l’absence de ces mesures, le PIB aurait perdu sur la période l’équivalent de 40,5 % du PIB de 2020 en plus des pertes observées ». Le retour au niveau du PIB d’avant-crise en aurait été retardé d’au moins 5,5 trimestres, c’est-à-dire pas avant 2023.

Pour ce qui est du coût de l’activité partielle, l’IPP l’estime à 32 Md€ sur la période de crise. En comparaison, si ce dispositif exceptionnel n’avait pas été activé, l’institut considère que la crise aurait induit un coût de traitement des chômeurs de 27 Md€ auquel viendrait s’ajouter le surcoût du chômage en sortie de crise (6 Md€), soit un total de 33 Md€. Le bilan de l’activité partielle apparaît donc comme positif d’autant plus qu’il ne prend pas en compte les « pertes de capital humain » provoquées par les destructions d’emplois.

Au final, les auteurs notent que « le ratio dette/PIB a été limité par les mesures d’urgence » ordonnées par les pouvoirs publics.

  • © 2021 Les Echos Publishing - Frédéric Dempuré
  • Nov 23, 2021