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Bitume : les raisons d’une pénurie

L’été 2018 restera en mémoire de nombre d’entreprises de travaux routiers. Alors que le secteur connaît traditionnellement son pic d’activité entre mai et septembre, plusieurs chantiers étaient à l’arrêt en juillet dernier. La raison ? Des difficultés d’approvisionnement en bitume qui sont venues perturber l’avancée des travaux de réfection des routes partout en France, en particulier dans l’ouest, le nord et le centre. Une situation exceptionnelle qui trouve son origine – comme c’est souvent le cas – dans une conjonction de plusieurs facteurs. Une partie des causes est d’abord structurelle. Les travaux publics connaissent depuis 2018 un regain d’activité qui a fortement augmenté les besoins en bitumes, d’autant que les intempéries du printemps ont décalé certains chantiers à l’été. Or, les capacités d’approvisionnement des fournisseurs de bitume sont limitées par une pénurie de chauffeurs de poids lourds. Faute de main-d’œuvre, les transporteurs parviennent de moins en moins à absorber les hausses d’activité. Des tensions qui risquent bien de s’intensifier avec les années. Le bitume se transportant à chaud, son acheminement doit nécessairement se faire par la route. Et la grève perlée de 3 mois, conduite par les cheminots à la SNCF, n’a fait qu’aggraver cette situation déjà tendue en reportant une partie du fret ferroviaire sur le fret routier. Un mouvement social a également perturbé le fonctionnement des raffineries françaises. À cela, se sont ajoutés des problèmes techniques qui ont contraint à l’arrêt la production de la raffinerie Total de Donges (Loire-Atlantique) et celle d’Esso à Port Jérôme (Seine-Maritime). Une accumulation de défaillances qui va porter préjudice à la qualité des routes en période hivernale, beaucoup de chantiers ayant été repoussés. Au risque, pour les entreprises du secteur, de se voir réclamer des pénalités de retard. À partir de la fin du mois de juillet, les livraisons ont pu reprendre dans les raffineries impactées par les pannes. Mais la situation, bien que meilleure, reste fragile. Les stocks n’ont pas été encore totalement reconstitués et la pénurie perdure sur certains types de bitume spécifiques, comme ceux destinés aux couches de base ou les produits très mous dédiés aux émulsions.